Films et série: David Lynch en 5 oeuvres

Le réalisateur américain, décédé jeudi à 78 ans, est l'auteur de dix longs métrages sortis entre 1977 et 2006, ainsi que d'une série tv tout aussi troublante.

Naomi Watts (à gauche) et Laura Elena Harring dans "Mulholland Drive" (2001). © KEYSTONE

"Elephant Man" (1980)

Avec "Elephant Man", son second long-métrage en noir et blanc, David Lynch connaît la consécration publique. Fasciné par la difformité, le jeune réalisateur met en images l'histoire de Joseph Merrick, un Britannique de la fin du XIXe siècle atteint d'une maladie déformante. L'homme à la morphologie monstrueuse devient une bête de foire à travers le pays.

John Hurt, dans le rôle-titre, entièrement défiguré par un maquillage réalisé à partir du masque mortuaire de Joseph Merrick, remporte l'une des huit nominations aux Oscars du film. Anthony Hopkins, également nommé, incarne le médecin Frederick Treves qui sympathisa avec son patient et dont le journal sert de trame au film.



"Blue Velvet" (1986)

Une oreille tranchée en décomposition sur une pelouse, les lèvres rouges d'une chanteuse de cabaret incarnée par Isabella Rossellini, un nain sinistre et le refrain entêtant de la bande-son alanguie d'Angelo Badalamenti: avec "Blue Velvet", David Lynch installe son univers surréaliste et est nommé en 1987 pour l'Oscar du meilleur réalisateur.

Un Dennis Hopper en érotomane psychopathe apporte une touche supplémentaire à cette "inquiétante étrangeté" que David Lynch excelle à créer derrière les façades apparemment tranquilles d'une petite ville américaine. Toujours sa fascination pour les apparences.



"Twin Peaks" (1990-91)

Twin Peaks, une petite ville imaginaire bordée de pins géants, un café où l'on sert une tarte aux fruits, un nain habillé en rouge, une femme à la bûche, des téléphones qui sonnent dans le vide, et Laura Palmer, une lycéenne repêchée un matin dans un lac, le corps enveloppé dans un sac.

Dans cet environnement lynchéen, évolue l'agent Cooper pendu à son dictaphone (Kyle MacLachlan), personnage emblématique de cette oeuvre phare du réalisateur qui révolutionne la série d'auteur.

Avec ses deux saisons et ses 30 épisodes, David Lynch et Mark Frost fidélisent une horde de télespectateurs avides de réponses d'un mystère insoluble. Il prolonge l'expérience avec un long-métrage "Twin Peaks Fire Walk with me" (1992), où apparaît David Bowie, puis, 26 ans plus tard, écrit la troisième saison de ce phénomène culturel, un long film de près de vingt heures, où l'on retrouve des clins d'oeil à toute sa filmographie d'"Eraserhead" à "Lost Highways" (1997).



"Sailor et Lula" (1990)

Nicolas Cage (Sailor) et Laura Dern (Lula) s'aiment d'amour fou mais ils sont poursuivis par l'homme de main de la mère de Lula. Cette sorcière alcoolique veut se débarrasser de Sailor par dépit amoureux et pour neutraliser un témoin gênant de la mort suspecte de son mari. La course-poursuite vers le Texas conduit les deux amants-voyous à faire d'étranges rencontres dans des lieux non moins insolites.

David Lynch s'inspire librement du polar noir écrit de Barry Gifford, flirte avec la comédie, convoque le Magicien d'Oz, Elvis Presley et Chris Isaak, pour mieux plonger dans l'insoutenable et remporte la Palme d'or à Cannes en 1990.



"Mulholland Drive" (2001)

Conçue à l'origine comme une série, ce thriller angoissant joue avec les faux-semblants d'Hollywood, ses producteurs véreux et autres ogres de cette formidable usine à images.

Prix de la mise en scène à Cannes, César du meilleur film étranger, "Mulholland Drive" - du nom de la fameuse route bordée par les maisons de stars - suit une intrigue tordue qui emmène une beauté brune amnésique (Laura Elena Harring) et une blonde, naïve apprentie-comédienne (Naomi Watts), dans un jeu de dédoublement de personnalités.



Avec "Inland Empire" (2006), ces deux films marquent la fin de la carrière de David Lynch comme réalisateur - mis à part un court-métrage en 2020 diffusé sur Netflix avec un singe accusé d'un meurtre dans le rôle-titre. Il se consacre dès lors à la méditation transcendantale et à d'autres formes d'expression artistique.

ATS
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